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Chapitre 10:
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VII. La Fête des Tabernacles

Traduction française: Micheline Deschreider.


De toute manière, cette affaire de Tabernacle nous mène à d’intéressantes spéculations sur toute la ligne. De nombreux spécialistes sont convaincus que les psaumes sont des créations littéraires destinées au grand festival des Cananéens: la Fête des Tabernacles, ou "niches. " La fête des Tabernacles est un festival d’une semaine qui se déroule en automne, à l’occasion des moissons. Cette fête est aussi connue comme la Fête du Rassemblement, la Fête des Niches, Soukkoth, Souccoth, ou Soukkot (diverses orthographes dues au fait qu’il s’agit de transcriptions du mot hébreu qui se prononce“Sou-cote”). Les deux journées qui suivent ce festival sont des jours fériés séparés: Shemini Atzeret et Simkhat Torah, mais ils sont en général considérés comme faisant partie du Festival des Tabernacles.

. Une des allusions les plus intéressantes à ce qui a pu être une célébration primitive de la Fête des Tabernacles se trouve au chapitre 33 de la Genèse. Nos exégètes nous disent que les versets1 à 17, proviennent de la sourceE du royaume du nord. L’incident en question suit un événement particulier survenu au chapitre précédent, oùJacob renvoie sa famille et reste seul pour lutter toute la nuit avec un “homme”. Par la suite, cet homme est identifié comme un “ange de Dieu”, et cet ange “blesse” Jacob à la cuisse. Qu’est-ce que cela veut dire cette blessure à la cuisse?Apparemment, il souffre d’une blessure commune chez les lutteurs:le déplacement de la hanche vers l’intérieur qui survient lorsque les jambes font un grand écart forcé. Le blessé souffre d’un raidissement de la jambe, d’une dislocation et d’une rotation vers l’extérieur. Il ne peut plus marcher qu’en vacillant, d’une démarche raide, et sur les orteils. La jambe affectée est allongée, ce qui contracte les tendons de la cuisse, et les muscles se raidissent dans un spasme. Puisque l’histoire de Jacob nous vient d’une époque où le droit de gouverner était transmis par les femmes, et puisqueJacob avait bien acquis son nom sacré et son héritage, qui ne pouvaient provenir que d’une femme, il semble que l’histoire a été sérieusement transformée par le rédacteur du texte.

Nous assistons ici à la transition du hieros gamos au combat rituel, souvent avec des sous-entendus sexuels résiduels. Dans le mythe du combat entre Seth etHorus, Seth tente de s’unir sexuellement àHorus. Cela est en général considéré comme une insulte, mais le fait est qu’il existait une sodomie organiséedans les temples de déesse syrienne de la Lune. Notons que lacirconcision est une castration symbolique, et que de nombreux adorateurs mâles de la déesse s’efforçaient de lui ressembler et de devenir des femmes.

Quoi qu’il en soit, immédiatement après cette séance de lutte, “l’ange” change le nom de Jacob, qui signifie “usurpateur, combinard, tricheur et escroc” en celui d’Israël. L’incident de ce changement de nom après une “rencontre” avec un “être divin”nous remet en mémoire l’incident du changement de nom d’Abraham, qui a été immédiatement suivi de la circoncision tant d’Abraham que d’Ismaël [26] , ce qui nous met devant un nouveau doublet concernant des événements essentiels: ceux qui entourent Moïse. Immédiatement après l’incident du “buisson ardent’ au cours duquel Dieu parle à Moïse en lui ordonnant de retourner en Egypte et d’y libérer son peuple, il arrive ce qui suit:

Exode 4:24: Et il arriva, en chemin, dans le caravansérail, que l’Éternel vint contre lui, et chercha à le faire mourir.
4-25: Et Séphora prit une pierre tranchante et coupa le prépuce de son fils, et le jeta à ses pieds, et dit : Certes tu m’es un époux de sang ! Et [l’Éternel] le laissa.
4-26 Alors elle dit : Époux de sang ! à cause de la circoncision.

Cet incident est comme un “lien de conjonction” entre l’histoire d’Abraham et le pacte de circoncision, l’histoire de Jacob luttant avec l’ange, et Moïse. Nous commençons à soupçonner qu’à la base de toutes les histoires bibliques il y a un seul récit qui a été mythifié au sein de divers groupes tribaux, et que par la suite les différentes histoires ont été ré-assemblées et “historicisées”. Des généalogies ont été insérées pour donner un aspect “vertical” aux variantes d’une même histoire, alors qu’à l’origine, toutes ces histoires étaient “horizontales” dans le temps.

Pour en revenir à l’histoire de Jacob, alors qu’il se trouvait encore dans le ventre de sa mère, Jacob avait pris la place de son jumeau, Esau,en tirant celui-ci par le talon, lui retirant par là son statut royal. Le verbe grec pternizein, utilisés par les Septante dans ce contexte, signifie “trébucher sur le talon de quelqu’un”. Jacob est le roi sacré qui est parvenu à son office en marchant sur un rival. Mais la sanction de cette victoire est qu’il ne pourra plus jamais déposer à terre son propre talon sacré. Il est, en fait, une marionnette. Au chapitre18:26 du premier Livredes Rois, lorsque les prêtres deBaal dansent devant l’autel et s’écrient:"Baal, écoute-nous!" ils sautillent, selon la version autorisée. Le mot hébreu original est formé de la racinepsch, qui signifie “danser en boîtant”, et le motPesach, le nom de la Fête de la Pâque en est dérivé.

La Fête de la Pâque semble avoir été une célébration cananéenne du Printemps, que les rédacteurs de la Bible ont adaptée à leur propre usage, comme une commémoration de la Fuite d’Egypte. Au Carmel, la danse claudiquée peut avoir été une forme de magie sympathique destinée à encourager l’apparition de Dieu, et comportait le port d’un pied de taureau armé, commeDionysos, d’une torche.     Le rédacteur ne donne pas son vrai nom, mais puisque ces prêtres de Baal en particulier (et Baal signifie seulement “seigneur”) étaient des Israélites,le nom pourrait avoir été "Jah Aceb" le dieu au talon. Jah Aceb semble aussi avoir fait l’objet d’un culte àBeth-Hoglah, la Sanctuaire du Boîteux, entre Jéricho et le Jourdain au sud deGilgal. Ceci a été identifié comme l’aire de battage de Atad, là où Joseph a pleuré la mort deJacob.

Jacob s’en va ensuite voir son frère, Esau, qu’il a supplanté de nombreuses années auparavant, et craignant la colère d’Esau, il place ses enfants et ses femmes en tête de la caravane, dans l’espoir que cela attendrira le coeur de son frère et qu’Esau ne le tuera pas. [27]

Mais Esau avait depuis longtemps oublié sa rancœur. Il embrasseJacob et accepte ses présents en bétail et probablement même en esclaves. L’histoire prend ensuite un tour bizarre. Apparemment, Esau avait pensé queJacob/Israël allait faire avec lui le voyage jusqu’àSeir. Mais Jacob s’attarde et dit àEsau d’aller de l’avant. Alors, après le départ d’Esau, Jacob s’en va dans une direction différente et, dit-on, se bâtit une maison et des abris pour les animaux, c’est pourquoi le nom de l’endroit est Souccoth. "(v. 17)

Mais l’analyse de ce mot, nous révèle que sa signification archaïque est une “petite chambre” aménagéele long de la route par une “prostituée du temple”, comme dans l’histoire deJuda et Tamar in au chapitre 38:14 de la Genèse, dans le document J!

Qu’était donc le Festival cananéen des Tabernacles?

La Grèce ancienne dédiait une de ses fêtes de la Moisson à la déesse de la terre et du grain:Déméter. La fête, connue sous le nom deThesmosphoria, durait trois jours, et comportait la construction de petites cabanes par des femmes mariées, le jeûne, et des offrandes àDéméter. Le lien entre les femmes mariées et le festival fait penser que fécondité du ventre et moissons fécondes allient de pair. Le mot Meter se rapporte naturellement à la mère, et De est le delta, ou triangle, signe génital féminin.     Dans les anciens alphabets, cette lettre représentait la porte de la naissance, la mort, ou le paradis sexuel.

Ainsi donc, la “petite chambre” ressemble assez bien à unestructure établie de manière à représenter une “ouverture de porte”. En général, les entrées de porte étaient considérées comme consacrées aux déesses, et dans le pays de Sumer elles étaient peintes en rouge pour représenter “le flux de vie” féminin. En Egypte, les entrées de porte étaient enduites de sang authentique pendant les rites religieux en l’honneur de la déesse.

N’avons-nous pas déjà entendu parler de cela quelque part?

Le culte de Déméter, célébrant les rites d’Eleusisétait bien établi à Mycènes au treizième siècleav. J. -C. et il est plus que probable que la fête cananéenne desTabernacles soit un rejeton de cette activité.     Nos sources d’information en ce qui concerne les Mystères d’Eleusis incluent les ruines du sanctuaire à cet endroit, de nombreusesstatues, des bas-reliefs, et des poteries. Nous avons également des comptes rendus faits par divers auteurs:Eschyle, Sophocle, Hérodote, Aristophane, Plutarque, et Pausanias – dont tous étaient des initiés – ainsi que des rapports faits par des commentateurs chrétiens telsClément d’Alexandrie, Hippolyte, Tertullien, et Astorias, tous des critiques et non des initiés. Et cependant, malgré tous ces témoignages la vraie nature des Mystères reste enveloppée dans l’incertitude, car les participants ont été fidèles à leur parole de ne pas révéler ce qui se passait dans leTelesterion, ou saint des saints du Temple de Déméter. La violation de ce serment de garder le secret était une offense capitale. [28] Pour ces raisons, les spécialistes actuels doivent se contenter d’évidences circonstancielles, ce qui a pour résultat une absence de consensus sur ce qui a eu lieu ou n’a pas eu lieu.

Foucart et ses disciples ont conclu que les Mystères d’Eleusis sont originaires d’Egypte [29] . Le fait est que les ruines du sanctuaired’Eleusis remontent manifestement à plusieurs siècles avantl’Hymne égyptien à Déméter récité par Homère, et qui est souvent cité comme la preuve de son origine égyptienne. En outre,les excavations n’ont mis au jour aucun objet égyptien manufacturé datant de cette époque.

De nos jours, de nombreux érudits sont convaincus que le culte rendu àDéméter vient de Thessalie ou de Thrace.     Ils basent leurs conclusions en partie sur les références trouvées dans l’œuvre d’Homère, chez d’autres auteurs anciens, et sur des temples à Déméter clairement pré-doriensdans les villes thessaliennes de Thermopyles, Pyrasos et Pherai; en partie sur certains liens étymologiques reliant des mots-clés des rites de Déméter à des dialectes pré-helléniques du nord [30] . D’autres spécialistes affirment que Déméterétait à l’origine une déesse "Daméter," brièvement mentionnée dans les tablettes linéairesB de Pylos, qui datent d’approximativement 1. 200 av. J. -C.

Ces témoignages suggèrent que le culte de Déméter pourrait, après tout, être originaire du sud du Péloponnèse. [31]

De toute manière, que le culte particulier de Déméter àEleusis soit originaire du nord ou du sud de la Grèce, les indéniables parallèles avec des cultes rendus à des déesses des céréales dans d’autres régions de la Méditerranée orientale permettent de conclure qu’il y a eu là-bas de fréquents contacts et une fertilisation croisée des idées religieuses.     Et bien que nous pensions que la Fête cananéenne desTabernacles soit une version corrompue d’une forme plus ancienne, nous croyons qu’il y a quelque chose de très mystérieux derrière cette volonté de faire du Tabernacle le lieu où doivent être gardées les lois deYahvé, comme pour convertirune autre fonction, antérieure.

Il se fait que le terme "Thesmophoria" a pour étymologie thesmoi, qui signifie "lois," et phoria, "qui porte," en référence à la déesse vue comme “porteuse de la loi”.

Mais le symbolisme de l’Archevue comme “porteuse de la loi” dans la “Tente des Réunions”, ou la “Mère-Delta, "portedes mondes supérieurs” a remplacéla signification originelle et, par ce processus,le rôle des femmes.

Il existe d’innombrables ouvrages spéculant sur les rites d’Eleusis. J’en écrirai peut-être un moi-même un de ces jours. Mais pour le moment, je couperai court aux spéculations en disant que tout ce que nous pouvons dire du but de ces ritesest qu’ils avaient rapport avec une “ascension” ou une “descente” dans d’autres mondes, pour pouvoir accomplir l’acte archétypal de création du Nouvel An.

Nous avons déjà une petite idée de ce que représentaient ces rites et célébrations puisqu’ils font clairement des parallèles avec l’ensemble du Graal que nous avons brièvement analysé dans des chapitres précédents du présent ouvrage. Les fêtes du Nouvel An des anciens comprenaient des rites symbolisant la nature cyclique du temps, l’épuisement des ressources cosmiques aboutissant au chaos,et étaient suivies du hieros gamos, ou mariage sacré.     Celui-ci représentait en faitla “plantation de la graine” dans le nouvel univers, ou le "passage" à travers les eaux du déluge, dans une arche, pour arriver dans un nouveau monde. Il pouvait également représenter, dans sa forme originelle, une application de la connaissance des Boucles Temporelles- une machine à voyager dans le Temps.

Dans ce sens, il paraît raisonnable de conclure que l’ascension ou la descente proprement diteait constitué le mariage sacré lui-même et que, peut-être, un accouplement sacré symbolisait l’union avec la déesse, la rencontre de l’homme et de la divinité, et la réception des “lois” ou “destinées” pour tout le groupe au cours de l’année nouvelle. Et si l’on va encore un pas plus loin dans la science archaïque dont nous supposons l’existence, il se pourrait que le hieros gamos ait été un des symboles de la “dissolution dans le Temps”d’une Machine à voyager dans le Temps.

Pendant le hieros gamos, toute lumière était éteinte. L’hiérogamie se déroulait sous ladirection de l’hiérophante, ou à l’intérieur d’une tente préservant l’intimité. Et la ré-apparition des lumières signifiait que l’année écoulée était morte et que la graine avait été plantée, permettant la naissance de l’année nouvelle. Il est dit que "l’ultime mystère était révélé à Eleusis dans les paroles: un épi de maïs récolté dans le silence” - un fétiche sacré” que les Juifs nommaient shibboleth. " [32]

Cette affaire de "shibboleth" est un indice intéressant. Le mot lui-même est dérivé d’une racine hébraïqueinusitée“shebel”, qui signifie "couler" comme la traîne d’une robe, ou quelque chose quisuit une femmeou s’écoule d’elle. L’ “épi de maïs” est donc vu comme quelque chose qui “grandit d’une femme”, ou bien cette graine “s’écoule d’elle”, et le grain est le présent de la déesse. Nous voyons exactement illustrée icil’énergie bio-électronique qui doit avoir été nécessaire pour permettre à l’énergie cosmique d’amener les paniers pleins de grain décrits par leRig Veda:

Les adorables Maroutes, armés de lances brillantes et cuirassés de pectoraux d’or, mènent une existence vigoureuse; puissent les chariots des rapides Maroutes arriver pour notre bien. …Faiseurs de pluie et porteurs de fertilité,verseurs d’eau,multiplicateurs de nourriture. …Pourvoyeurs d’une nourriture abondante. …Vos outres à lait ne sont jamais sèches. …Nous invoquons les chariots chargés de nourriture des Maroutes. " [33]

Le mot "shibboleth" n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible, dans une histoire tragique racontée aux chapitres 11 et 12 du Livre des Juges. Il y avait un certain Jephthé, fils d’une prostituée. Il avait été expulsé de la maison familiale par les fils légitimes de son père, (Galaad), et était devenu en quelque sorte le chef d’une bande de défavorisés. Un peu comme Robin des Bois. Et aussi un peu commeDavid pendant sa période “hors-la-loi”.

Il se fait que ses frères qui l’avaient rejeté, les “aînés de Galaad”, firent l’objet d’attaques par les “enfants d’Ammon. "Ils avaient désespérémentbesoin d’aide et, sachant que Jephthé avait une réputation d’intrépide guerrier et qu’il était entouré d’une bande de “compères”, ils allèrent implorer son aide.

Jephthé leur fit remarquer qu’ils étaient drôlement culottés, pour venir lui demander d’intervenir dans leurs combats; mais ils le persuadèrent en l’assurant que s’il les aidait, ils feraient de lui le chef de la famille. C’était là un argument auquel il était difficile de résister, et Jephthé accepta de les aider. Non content de cela, il fit par-dessus le marché le serment public que si Yahvé lui accordait le succès dans son entreprise, il lui offrirait en holocauste, "la première créature qui sortira de ma maison pour venir à ma rencontre, lorsque j’y retournerai. " Je suis certaine que le lecteur aperçoit déjà ce qui est en train de se profiler à l’horizon. De fait, Jephthé remporta la bataille.

Et Jephthé vint à Mitspa, dans sa maison ; et voici, sa fille sortit à sa rencontre avec des tambourins et des danses*; et elle était seule, unique : il n’avait, à part elle, ni fils ni fille.

Et il arriva, quand il la vit, qu’il déchira ses vêtements, et dit : Ah, ma fille ! tu m’as accablé, et tu es de ceux qui me troublent ! car j’ai ouvert [ma] bouche à l’Éternel, et ne puis revenir en arrière.

Et elle lui dit : Mon père, si tu as ouvert ta bouche à l’Éternel, fais-moi selon ce qui est sorti de ta bouche, après que l’Éternel t’a vengé de tes ennemis, les fils d’Ammon.

Et elle dit à son père : Que cette chose me soit faite : laisse-moi pendant deux mois, et je m’en irai, et je descendrai sur les montagnes, et je pleurerai ma virginité, moi et mes compagnes.

Et il lui dit : Va. Et il la renvoya pour deux mois. Et elle s’en alla, elle et ses compagnes, et pleura sa virginité sur les montagnes.

Et il arriva, au bout de deux mois, qu’elle revint vers son père ; et il accomplit à son égard le vœu qu’il avait voué. Et elle n’avait point connu d’homme.

Et ce fut une coutume en Israël, que d’année en année les filles d’Israël allaient célébrer la fille de Jephthé, le Galaadite, quatre jours par année.

Eh bien, à part le fait que, si nous prenons la Bible au mot nous pouvons nous douter que Yahvé était, à l’origine, un dieu qui exigeait des sacrifices humains, nousvoyons ici clairement que Yahvé acceptait au moins à l’occasion un sacrifice humain!Mais en un certain sens, ceci n’est qu’une autre version de l’histoire où Abraham avait presque sacrifié son fils Isaac, qui est elle-même presqu’identique à une histoire védique de Manou. Ces actes sont basés sursraddha, ou “amour naturel du coeur”, foi, “dévotion sans faille”, etc. [34]

Selon Dumezil et Levi, le mot sraddha a été trop hâtivement interprété comme la “foi” dans un sens chrétien. Correctement compris, il s’agit de la confiance placée par l’ouvrier dans ses outils et techniques en tant qu’actes magiques!Il s’agit dès lors d’un élément d’un pacte dans lequel le sacrificateur sait comment accomplir correctement un sacrifice prescrit et il sait également que s’il accomplit le sacrifice correctement, celui-ci doit être suivi d’effets.

En résumé, c’est un acte destiné à exercer un contrôle sur les forces de vie qui résident dans le dieu avec lequel le pacte a été conclu. Ces dieux devenus éléments de pactesne sont pas des “ornements littéraires” ni desabstractions. Ce sont des partenaires actifs dotés d’intelligence, de passion, et ayanttendance à perdre tout contrôle si les sacrifices ne sont pas accomplis correctement. Dans ce sens, le sacrifice est simplement magique.

Dans un autre sens, l’ascète ou “auto-sacrificateur” est une personne qui s’efforce de se libérer des liens et de l’ordre de la nature en se mortifiant le « soi»et la chair, en mettant à l’épreuve et an renforçant sa volontédans le but d’acquérir des pouvoirs tyranniques alors qu’il est encore de ce monde. Il cherche à exercer sa maîtrise sur lui-même,d’autres hommes, et sur les dieux eux-mêmes.

Dans l’histoire de Manou, en Inde, nous voyons qu’il a la manie du sacrifice, tout comme les ascètes et les saints ont la manie de la dévotion et du sacrifice de soi.     Les histoires les plus répandues dépeignent Manou esclave de son sraddha, abandonnant aux démoniaques asuras Trsta et Varutri, tout ce qu’il possède de quelque valeur. Tout ce que ces démons ont à dire pour obtenir quelque chose de Manou est: ”Manou, tu es un sacrificateur, ton dieu est le sraddha". C’est ainsi qu’ils exigent de lui une chose après l’autre, et pour finir, même sa femme: Manavi. MaisIndra intervient alors pour sauver Manavi. Il apparaît à Manou et prononce les mêmes paroles: "Manou, tu es un sacrificateur, ton dieu est le sraddha. "Pour déjouer le complot des démoniaques brahmines qui ont induit en Manou l’état de sraddha, ou croyance en la nécessité d’un sacrifice, Indra exige le sacrifice de ces mêmes brahmines démoniaques!Manou, étant voué au sraddha, les remet sans aucune difficulté, etIndra les décapite avec l’eau du sacrifice.

Les actes de sacrifice sont en fait des actes d’échange:l’exécution d’un contrat d’échange entre l’homme et la divinité. “Je donne pour que tu puisses donner”. Dans l’histoire de la Bible où le sacrifice de Caïn, une offrande de grain, est rejeté, nous voyons un reflet de l’idée qu’un dieu évalue la valeur de l’offrande proposée.

Manou, privé de sa victime par la miséricordieuse intervention d’Indra, est ulcéré parce que “ses droits” ont été bafoués. "Finis mon sacrifice!" dit-il à Indra. Indra lui lance un défi: "Le désir que tu as eu de prendre ton épouse pour ta victime, qu’il te soit accordé; mais laisse vivre cette femme!" [35] Dans l’histoire d’Abraham sacrifiant son fils, Isaac, et voyant apparaître un bélier dans les taillis, nous avons une variante très intéressante sur ce thème. Agni est comparé à Vasishtha, "né dans le lotus" ou "de la déesse. "

Dans l’histoire de la fille de Jephthé, nous voyons que le rédacteur des textes bibliques a estimé que l’histoire ne pouvait être omise, mais il fallait dissimuler la vraie nature dusacrifice. Cela devient plus clair grâce à ce qui suit:

Llew Llaw Gyffes (Le Lion à la Main Ferme), une sorte de Dionysos, d’Hercule céleste adoré dans la Grande Bretagne de l’antiquité, est généralement identifié à Lugh, le dieu solaire goidélique …Et s’il n’était que le Soleil!Il est le glorieux visage de Lugh aux longues mains – que personne ne peut regarder en face sans être ébloui. '

Sa mort, le premier dimanche d’août, appelée “Lugh nasadh”- devenu par la suite Lugh-mass ou Lammas – a été célébrée en Irlande jusqu’à une période récente, jour de deuil comparable à celui du Vendredi Saint, et conservé à titre de fêtes des défunts. La procession est toujours conduite par un jeune homme portant une couronne de fleurs mortuaire. Lammas était encore observé au Moyen-Age comme une célébration mortuaire dans la plupart des régions de Grande Bretagne …

Dans certaines régions du Pays de Galles,Lammas est célébré de nos jours sous forme de foire. Sir John Rhys rapporte que dans les années1850 les collines de Fan Fach et South Barrule dans le Carmarthenshire étaient couvertes d’une foule portant le deuil de Llew Llaw le premier dimanche d’août, le prétexte étant que l’on “montait pleurer la mort dela fille de Jephthé sur la montagne. ' Curieusement, c’est ce même prétexte qui a été utilisé par les jeunes Juives d’après l’Exil, après les réformes deutéronomiques, pour dissimuler leurs lamentations sur Tammouz, la contrepartie palestinienne de Llew Llaw. [36]

Un autre indice concernant les rites éleusiniens est qu’ils étaient, dit-on, célébrés seulement par des femmes, dans toute la Grèce,au mois de Pyanepsion (fin octobre), leur trait principal étantle sacrifice d’un porc, sacrifice habituel aux divinités chthoniennes [37] . Les Grecs attribuaient des forces particulières aux cochons, au vu de leur fertilité, de la puissance et de l’abondance de leur sang, et peut-être aussi de leur talent inégalé pour déterrer tubercules et jeunes pousses. Selon les historiens, il existait une croyance selon laquelle un mélange de chair de porc et de semences de grain assurait l’abondance des récoltes de l’année suivante. Ces experts pensent également que les cérémonies comportaient le jeûne et la purification, une descente ritualisée vers les mondes inférieurs, et le recours à la magie sympathique pour extraire de la mâchoire des morts un renouveau de vie [38] .

C’est ainsi que nous découvrons que ceux qui participaient auxThemosphoria honoraient la gent porcine et que leurs rituels comportaient le lavage et le sacrifice de jeunes porcs sacrés à Déméter (bien que ceci se passât sur les plages du Pirée plutôt qu’à Eleusis même). Et nous voyons également que cela était une pratique cananéenne, très étrangement juxtaposéeà une religion connue de nos jours pour son horreur du porc. Est-ce parce que l’animal sacré de la religion rivale était le cochon, ou est-ce parce que, aux tréfonds de cette religion, le cochon ne doit pas être mangé parce qu’il est révéré?Et si c’est le cas, pourquoi?Est-ce que le cochon aurait été jadisla personnification d’un dieu?Voyons cela. Au chapitre 12:6-7 de la Genèse, nous voyons Abraham faire un pacte avec Dieu"

Et Abram passa au travers du pays, jusqu’au lieu de Sichem, jusqu’au chêne de Moré.
Et le Cananéen était alors dans le pays. Et l’Éternel apparut à Abram, et dit : Je donnerai ce pays à ta semence. Et [Abram] bâtit là un autel à l’Éternel, qui lui était apparu.

Ensuite, au chapitre 22:2-3 de cette même Genèse, nous voyons que Dieu dit à Abraham:

Et [Dieu] dit : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, et va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste, sur une des montagnes que je te dirai.
Et Abraham se leva de bon matin et bâta son âne et prit avec lui deux de ses jeunes hommes, et Isaac, son fils ; et il fendit le bois pour l’holocauste, et se leva, et s’en alla vers le lieu que Dieu lui avait dit.

Et dans le livreII 3:1 des Chroniques nous trouvons:

Et Salomon commença de bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, où [l’Éternel] était apparu à David, son père, sur l’emplacement que David avait préparé dans l’aire d’Ornan, le Jébusien.

L’autre nom de Morija est le Mont Sion.     Isaïe nous dit que le Mont Sion est le Trône du Seigneur des Armées qui "disperse, distribue etfoule aux pieds”. Le"Temple" a été construit sur la “terre battue deOrnan” (Araunah dans une autre version), symbolique du dieu des moissonsTammouz, qui a exigé les “premiers fruits” dugrain. Cependant, Jéhovah n’avait qu’un intérêt très relatif pour le grain. Ce qu’il voulait, c’était du sang:

Exode 34:19 Tout ce qui ouvre la matrice est à moi, et tout ce qui naît mâle de ton bétail, le premier-né, tant du gros que du menu bétail.
20 Et le premier-né de l’âne, tu le rachèteras avec un agneau; et si tu ne le rachètes pas, tu lui briseras la nuque. Tout premier-né de tes fils, tu le rachèteras ; et on ne paraîtra pas à vide devant ma face.
21 — Six jours tu travailleras, et le septième jour, tu te reposeras ; tu te reposeras, [même] au temps du labourage et de la moisson. .

L’ordre de Jéhovah concernant le septième jour qui doit lui être consacré l’identifie avec Cronos ou Saturne. Il est dit que le Phrygien Adonis a été métamorphosé en pin par la déesseCybèle qui l’aimait, alors qu’il gisait mourant d’une blessure reçue d’un sanglier envoyé parZeus. Seth, Le dieu Soleil égyptien, déguisé en sanglier, atué Osiris. Apollon, le dieu Soleil grec,déguisé en sanglier, a tué Adonis, ou Tammouz, le Syrien, amant de la déesse. Finn Mac Cool, déguisé en sanglier, a tué Diarmuid, l’amant de la déesse irlandaiseGrainne. Un dieu inconnu,déguisé en sanglier a tuéAncée, le roi arcadien, dévoué à Artémis, dans son vignoble de Tegea, et d’après le Gannat Busame Nestorien, le Zeus crétois a été tué de manière semblable. Octobre était la saison pendant laquelle le sanglier était chassé et c’était aussi la saison festive pour lesBassarides couronnées de lierre. Le sanglier est l’animal de la mort, et la “chute (automne)” de l’année débute pendant le mois du sanglier.

En Egypte, l’année se décomptait en 360 joursdivisés en trois saisons de 120 jours, chacune d’elles comportant cinq périodes égales de 24 jours, avec cinq jours en surplus. Selon les Egyptiens, ces cinq jours étaient ceux pendant lesquels le dieuThoth (Hermès) battaitau jeu de dames la déesse de la Lune:Isis, et étaient composés du 72e de chaque jour de l’année. Les anniversaires d’Osiris, Horus, Seth, Isis et Nephthys étaient célébrés ces jours-là et dans cet ordre.

Il semble, d’après le mythe,qu’un changement de religion ait nécessité un changement de calendrier. L’ancienne année de 364 jours et un jour en surplus a fait place à une année de360 jours avec 5 jours en surplus. Plus tard, sous l’influence assyrienne, les trois saisons ont étédivisées en quatre périodes de30 jours, de préférence à cinq périodes de 24 jours chacune. La saison de 72 jours est observée dans le mythe égypto-phénicien, dans lequel la déesseIsis soustrayait son fils Horus, ou Harpocratès, à la rage du dieu-Soleil aux oreilles d’âne, pendant les 72 journées les plus chaudes de l’année, la troisième des cinq saisons, gouvernée par le Chien Sirius et les deux Anes.

La légende grecque selon laquelle le dieu Dionysos a placé les Anes dans le signe duCancer suggère que le Dionysos qui s’est rendu en Egypte et a été reçu par Protée, le roi de Pharos, était Osiris, frère du dieuhyksos Typhon, alias Seth. Les premiers occupants du Delta avaient fait de Pharos, l’île-phare au large de ce qui fut plus tard Alexandrie, leur île oraculaire sacrée.

D’après la légende homérique , le roi Protée, roi de Pharos, vivait dans une caverne où Ménélas le consultait. Il avait le pouvoir de changer de forme. Apulée relie àPharos le sistre d’Osiris, utilisé pour écarter le dieu Seth. Cela nous fait penser que Protée et Osiris étaient considérés comme une seule et même personne. Un autre Protée, ou Proetus, était arcadien.

Le grand quai de débarquement qui se trouvait à l’entrée du port de Pharos était composé de gros blocs, dont certains mesuraient 4m80 (16 pieds) de long, portant en gravure profonde un motif d’échiquier en forme de pentagones. Puisque le pentagone n’est pas une figure adaptée à ce genre de construction, certains chercheurs ont émis l’idée que le nombre cinq doit avoir eu une importante signification religieuse. Robert Graves se demande: "Est-ce que Pharos aurait été au centred’un système calendaire à cinq saisons?”

D’autre part, l’île a été bizarrement reliée aux nombres 5 et 72 au commencement de l’ère chrétienne. Les Juifs d’Alexandrie avaient pour habitude de se rendre sur l’île lors d’un festival annuel dont le prétexte était que les Cinq Livres de Moïse avaient miraculeusement été traduits là-bas en Grecpar 72 docteurs de la Loi, qui y avaient chacun travaillé pendant 72 jours. Qu’est-ce qui se cache derrière cette histoire?Dans les temps anciens, les festivals commémoraient généralement un traité ou un acte d’unification. Que s’est-il produit ici?

Le Nil est qualifié d’Ogygien par Eschyle; Eustathius le grammairien byzantin dit qu’Ogygia était le premier nom de l’Egypte. Cela suggère également que l’île d’Ogygia gouvernée parCalypso était en fait Pharos. Dès que les Phéniciens eurent apporté leurdieu de la Tempête en Egypte, celui qui,déguisé en sanglier, tuait chaque année son frèreAdonis, le dieu qui renaissait toujours sous un pin, ils l’identifièrent à Seth, l’ancien dieu égyptien du désert, dont l’animal totémique était l’âne sauvage et qui, chaque année, mettait à mort son frère Osiris, dieu de la végétation du Nil. Sanchoniathon le Phénicien, cité par Philon,dit que "les mystères de Phénicie avaient été apportés en Egypte”. Il dit que les deux premiers inventeurs de la race humaine: Upsouranios et son frère Ousous, avaient consacré deux piliers: l’un au feu et l’autre en vent. Ce sont là les deux formes primitives des piliersJachin et Boaz représentant Adonis, dieu de l’année qui croît et du soleil nouvellement né, et Typhon, dieu de l’année qui décline et des vents destructeurs. Sous l’influence phénicienne, les rois hyksos ont de même converti leur dieu de la Tempête en dieu Seth.

Aux temps prédynastiques, il se peut que Seth ait été le chef de tous les dieux d’Egypte, puisque le signe de royauté porté par tous les dieux dynastiques était le sceptre de Seth, sceptre de roseau aux oreilles d’âne. Les Egyptiens l’ont également identifié à la constellation d’Orion aux longues oreilles, "Seigneur des Chambres du Sud," et le "souffle de Seth" était le vent du sud venant des déserts et qui tant à cette époque que de nos jours, a toujours provoqué quand il souffle, des vagues de violence criminelle en Egypte, Libye et dans l’Europe méridionale. L’âne apparaît dans de nombreuses anecdotes de la Genèse et des premiers livres historiques de laBible. Qu’aucun souvenir n’ait survécu en Egypte, d’une année comportant cinq saisons concouramment avec une année de trois saisons ne prouve pas qu’une telle année n’était pas populaireparmi les adeptes d’Osiris. Aucune trace écrite ne subsiste non plus en Egypte, de la construction ou même de l’existence du port de Pharos, et cependant il commandait les bouches du Nil et a été utilisé sans discontinuer pendant plus de mille années!

Les textes et les représentations picturaleségyptienssont bien connus pour avoir supprimé ou déformé des faits. Il semble que les aristocratiques prêtres de "l’Eglise Officielle d’Egypte" aient commencé à manipuler les histoires populaires dès 2. 800 av. J. -C. Par exemple, dans le Livre des Morts, à la douzième heure de la nuit, quand la barque solaire d’Osiris s’approche du dernier portail de l’Autre Monde avant d’émerger dans la lumière du jour, il est représenté courbé en arrière en forme de cerceau, avec les mains levées et les orteils touchant l’arrière de sa tête. L’explication donnée est “Osiris dont le circuit est l’autre monde”. Elle est supposée suggérer qu’en adoptant cette absurdeposture acrobatique, Osiris définit l’autre monde comme une région circulaire, et assimile ces douze heures aux douze signes du Zodiaque. Il est clair que le clergé a imposé la corruption d’un mythe archaïque. En effet, comme nous l’avons déjà vu, la posture représente Osiris capturé parSeth, et attaché comme Ixion ou Cuchulain, par le lien quintuple qui lie poignets, cou et chevilles ensemble. Autrement dit,Osiris dans cette posture est une façon économique de décrire le dieu du monde d’en-bas, le serpent Seth, qui apparaît également sous la forme d’un sanglier et d’un âne.

Nous disposons à présent de nombreux indices concernant les origines de la création de la religion deYahvé, y compris la description de la construction des piliers Jachin et Boaz, mythes historicisés de la Bible et attribués à Salomon. Il se fait que, de nos jours, les Juifs célèbrent la nouvelle année en septembre, aux alentours du temps des moissons. Cette fête est suivie de la Fête desTabernacles, qui est supposée commémorer la construction, par les enfants d’Israël, “d’abris temporaires” pendant qu’ils erraient dans le désert, domaine de Seth.

Il est dit que c’est sous la tenteque “Dieu a rencontré l’homme pour la première fois”pendant l’Exode. Le Tabernacle était le lieu de rencontre de Dieu avec l’homme. Les comparaisons sont tellement évidentes que je n’insisterai pas!

Maintenant, pour en revenir à cette très étrange histoire de Jacob “luttant avec l’homme”, après laquelle il s’en est allé vers le sud et pour faire toutes ces “affaires de tabernacle”, il est évidentque c’est l’ancien drame rituel qui a été “historicisé”. Certains anciens mythes racontent que des batailles ont eu lieu, soit entre deux frères, soit entre un père et son fils. Le combat se termine quand le vieux roi est “blessé à la cuisse”, c’est-à-dire rituellement castré, pour symboliser la perte de sa puissance. Le royaume, représenté par la reine, est ensuite remis au frère vainqueur ou par le père à son fils, puisque la reine symbolise la terre. Il est intéressant d’observer que c’est ce drame-là qui est supposé avoir été joué à cette occasion,avec Jacob et un "ange de Yahvé", dans les rôles de Seth et d’Osiris tué par celui-ci. Yahvé est le dieu-sanglier. C’est de cette manière que les gens ont compris que la royauté avait été remise à Yahvé en personne.

Il nous faut comprendre que ces combats rituels, rois mourants, cannibalisme et activités sacrificielles sont tous les corruptions extrêmesd’une idée originelle fondamentale que l’on peut se représenter comme une ancienne technologie.

De fait, l’aspect technologique ré-émerge de temps en temps, mais il est souvent tellement altéré qu’il est difficile de démêler les nombreux tours et torsions des fils de la transmission. Parmi les représentations les plus archaïques de ces idées-même si nous pouvons considérer qu’il s’agit encore d’une corruption de la connaissance antique-- se trouvent lesrites des chamans d’Asie centrale.

Lorsque nous examinons la fonction du chaman, nous découvrons qu’ou bien il descend dans les mondes inférieurs pour sauver l’homme, ou bien il monte vers les cieux pour intercéder auprès des dieux au nom de son peuple. Il est en fait le “chevalier” choisi divinement, qui est “équipé comme il faut” pour pouvoir accomplir son voyage. Le symbolisme des escaliers montés ou descendus sont typiquement chamaniques.     "L’Arbre de Vie” symbole de la déesse de la naissance, est un symbole d’ascension chamanique vers les sphères célestes afin de recevoir de la divinité une communication concernant la destinée de la tribu. En ce sens, l’axe cosmique et le livre célesteont été joints, symboliquement parlant. Ces éléments sont très visibles dans l’histoire de l’échelle deJacob et de son combat avec “l’ange”.

Ce qui est extrêmement fascinant dans leshistoires chamaniques, c’est une mystérieuse “maladie de femme” dont souffre le chaman (mâle). Quelques uns des signes montrant que l’on est en train de devenir un chaman sont: le fait de s’habiller en femme, agir comme une femme, bref, entamer un processus de féminisation.

Nous observons ce facteur dans le voyage de Jacob vers le “sud”pour y “construire des cabanes”, activité strictement réservée aux femmes!Cette féminisation nous oriente vers le fait que très probablement, la fonction chamanique/graal originelle était à l’origine remplie exclusivement par des femmes, mais qu’à une certaine époque les hommes ont tenté de se passer de l’élément féminin et d’acquérir eux-mêmes les attributs et facultés chamaniques naturellesde celles-ci.

Il semblerait qu’au moment où dans les rites la place de la femme représentant la déesse dans le mariage sacré, a été remplacée par d’autres éléments:escaliers, arbres célestes, et même des chevaux, la fonction rythmique de l’accouplement rituélique, qui était seulement un acte de “dissolution” dans l’espace/temps, a été remplacée par des battements de tambour et d’autres méthodes destinées à induire la transe.     Les indices de cestransitions se trouvent dans les mots eux-mêmes: “knight” [39] et “mare” [40] . “Knight” est dérivé de la même source que“yogi”, ou “juga”, qui signifie "mettre ensemble”, « mettre sous le joug »et le mot "mare" [41] remplace manifestement la "mer" ou la “mère”. Pour nous permettre de nous rendre compte comment se produisent lestransitions, Eliade commente le rôle chamanique décrit et observé dans les rites funèbres. Il suppose que ce type de rites sont très proches des “rites secrets”ou fonctions qui sont gardées secrètes sous des vœux de silence.

Hérodote nous a laissé une bonnedescription des coutumes funèbres en Scythie. Les funérailles étaient suivies de purifications. Du chanvre était jeté sur des pierres chauffées, et tousen inhalaient la fumée. "les Scythes hurlent de joie devant les bains de vapeur. " […] Les hurlements composent un ensemble religieux spécifique, dont le but ne peut être que l’extase. Dans cet ordre d’idées,Meuli cite la séance altaïque décrite par Radlov, au cours de laquelle le chaman guide vers les mondes inférieurs l’âme d’une femme décédée depuis quarante jours. Le chaman psychopompe ne se trouve pas dans la description d’Hérodote, qui ne parle que des purifications suivant les funérailles. Mais parmi certains peuplesturco-tartares ces purifications ont lieu lorsque le chaman escorte le défunt jusqu’à sa nouvelle demeure, les régions inférieures. […]

L’usage de chanvre est aussi attesté dans un but d’extase parmi les Iraniens, et c’est le mot iranien pour “chanvre” qui est employé pour désigner l’ivresse mystiqueen Asie centrale et septentrionale.

Il est certain que les peuples du Caucase, et en particulier les Ossètes, ont conservé un certain nombre de traditions mythologiques et religieuses des Scythes. Or, lesconceptions de l’après-vie chez certaines peuplades du Caucase, sont proches de celles des Iraniens, particulièrement en ce qui concerne la traversée, par le défunt, d’un pont aussi étroit qu’un cheveu, le mythe d’un arbre cosmique dont la cime touche le ciel et entre les racines duquel jaillit une source miraculeuse, etc.     Ensuite, il y a aussi les devins, visionnaires et nécromanciens-psychopompes, qui jouent un certain rôle parmi les tribus géorgiennes des montagnes. Les plus importants de ces sorciers sont les messulethe; dans leurs rangs se trouvent principalement des femmes et des jeunes filles. Leur office principal est d’escorter les défunts jusqu’à l’autre monde, mais elles peuvent également les incarner […] La messulethe accomplit sa tâche en étant en transe.

Permettez-moi d’intercaler ici un commentaire: nous observons un curieux parallèle avec le fait que laThemosphoria était célébrée par des femmes exclusivement. Autrement, il s’agissait très vraisemblablement d’une coutume archaïque de ce qui a été appelé “prostitution sacrée”, mais clairement dérivéed’archaïques techniques d’extase, dont nous avons suggéré qu’elles sont en fait les disjecta membra d’une ancienne technologie permettant en fait de modifier l’ADN. Après des millénaires de transmission, la terminologie décrivant ce facteur d’ADN a été corrompue et ne s’est plus référée qu’à des éléments sexuels.     Nous verrons également que ce qui était à l’origine une “idée spirituelle” a reçu par la suite un sens littéral, physique.

Le rôle et la participation des femmes sont certes importants, mais pas du tout de la manière dont certains occultistes les ont interprétés.

Ce qui est clair, c’est que la très ancienne idée représentant les femmes comme des prêtresses ou des“prostituées du temple” ainsi qu’elles ont été qualifiées,vient en fait du rôle naturel de la femme qui est celui d’authentique chaman. Lorsque les femmes ont été privées de leur rôle de psychopompes naturels pour leurs tribus,un tas d’autres éléments ont été inventés pour prendre leur place: arbres, ponts, échelles, escaliers, tambours, hochets,chants, danses, etc. ; et tout spécialement, des combats en lieu et place d’unions.

Nous avons observé les ressemblances frappantes entre les idées des Caucasienssur l’autre monde et celles des Iraniens. En particulier, le pont Cinvat joue un rôle primordial dans la mythologie funéraire iranienne; sa traversée détermine en grande partie la destinée de l’âme; et la traversée est une épreuve difficile, équivalant en structure aux épreuves initiatiques. […] Le pont Cinvat est au “Centre”, au “milieu du monde” et a la “hauteur de cent hommes”. […] Le pont relie la terre et le ciel au “centre”. Sous le pont Cinvat se trouvent les abîmes de l’enfer.

Nous trouvons ici un schéma cosmologique “classique” des trois régions cosmiques reliées par un axe central (pilier, arbre, pont, etc. ). Les chamans voyagent librement dans cestrois zones; les défunts doivent traverser un pont pendant leur voyage vers l’au-delà. […] Un trait important de la tradition iranienne (du moins telle qu’elle a survécu après la réforme de Zarathoustra) est que pendant la traversée du pont il y a une sorte de lutte entre les démons qui tentent de faire tomber l’âme en enfer et les esprits tutélaires qui leur résistent.

Les Gathas [42] font trois fois référence à cette traversée du pontCinvat. Selon l’interprétation donnée par H. S. Nyberg dans les deux premiers passages, Zarathoustrafait référence à lui-même comme à un psychopompe. Ceux qui ont été unis à lui dans l’extase traverseront le pont avec facilité. [43] […] Le pont n’est alors pas seulement un passage pour les morts; il est le chemin de l’extase. […] Le terme gathique de maga prouve que Zarathoustra et ses disciples induisaient l’expérience extatique par des chants rituels entonnés en chœur dans un espace clos consacré. Dans cet espace sacré (maga) la communication entre le ciel et la terre devenait possible […] L’espace sacré est devenu un “centre”. "[…]

L’extase chamanique induite par des fumigations de chanvre étaient connue en Iran ancien. […] Dans le Videvdat le chanvre est diabolisé. Cela nous paraît prouver une totale hostilité envers l’ivresse chamanique. […] L’imagerie des chamans d’Asie Centrale peut paraître avoir subi l’influence d’idées orientales, et en particulier de l’Iran, mais cela ne signifie pas que la descente du chaman vers les mondesd’en-bas est d’influence exotique. La contribution de l’orient n’a fait qu’amplifier et ajouter de la couleur aux dramatiques scénarios de châtiment. Ce sont les narrations de voyages extatiques vers le monde d’en-bas qui ont été enrichies par les influences orientales, mais l’extase les a précédés de longtemps. […. ] Nous … avons trouvé des techniques d’extase dans des cultures archaïques où il est impossible de suspecter des influences venues de l’ancien orient. […] La valeurmagico-religieuse de l’ivresse permettant d’atteindre à l’extase est d’origine iranienne. […] En ce qui concerne l’expérience chamanique originelle … les narcotiques ne sont que de vulgaires substituts de la transe “pure”. L’usage de produits enivrants est une innovation récente et indique une décadence dans la technique chamanique. L’induction par des narcotiques permet d’atteindre une imitation de l’état que le chaman n’est plus capable d’atteindre autrement.     Décadence ou vulgarisation d’une technique mystique, dans l’Inde ancienne et moderne, et en fait dans tout l’Orient, nous retrouvons sans cesse ce curieux mélange de“manières difficiles” et de “manières faciles” d’atteindre l’extase mystique ou de faire toute autre expérience décisive. [44]

De cette toute petite série d’indices, nous pouvons déduire que le rêve deJacob à propos d’une échelle, et son combat rituel avec l’ “homme” qui était un “ange deYahvé”, sont de simples “couches de peinture” recouvrant les activités chamaniques de Jacob.

S’il y a eu ou non un Jacob historique, nous ne le savons pas. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que quelqu’un a accompli quelque chose à ce moment-là et a été “assimilé" au mythe du"Dieu au Talon". Et nous pensons à nouveau aux rencontres entreAbraham et Dieu, Moïse et Dieu, qui ont débouché sur une circoncision. Bien sûr certaines conclusions peuvent être tirées de la relation entre l’action dela circoncision et la “blessure” infligée à Jacob, mais nous n’en dirons pas davantage pour le moment. De toute manière, les trois événements: combat avec l’ange, changement de nom, et circoncision d’Abraham et du fils de Moïse, ont vraisemblablement été à l’origine un seul événement, divisé dans le temps et le contexte par le rédacteur de la Bible, que nous allons rencontrer bientôt.

Quoi qu’il en soit, Jacob a perdu la bataille, ayant échoué dans sa mission de chaman, et représentant aussi le vieux roi qui doit mourir. Et le lendemain il rencontre son frère, sachant qu’il a été “mortellement blessé” et transfère sur lui la “bénédiction” ou royauté.

Je me demande si cette rencontre est également un signe dutransfert de quelque chose de vital à Esau, à cause de son échec en tant que chaman.

Nous avons ici un fantastique élément clé qu’il me faut expliquer. Il se fait qu’un des récits importants de la Bible, et tenu pour historique, est en fait confirmé par l’Histoire officielle d’Egypte qui donne “l’autre son de cloche”. Cette histoire est celle d’Abram et Sarai en Egypte. Il s’agit en fait d’un des très problématiques“triplets”. Voici l’histoire:

Genèse 12:10 Et il y eut une famine dans le pays ; et Abram descendit en Égypte pour y séjourner, car la famine pesait sur le pays.
11 Et il arriva, comme il était près d’entrer en Égypte, qu’il dit à Saraï, sa femme : Voici, je sais que tu es une femme belle de visage ;
12 et il arrivera que lorsque les Égyptiens te verront, ils diront : C’est sa femme; et ils me tueront, et te laisseront vivre.
13 Dis, je te prie, que tu es ma sœur, afin qu’il m’arrive du bien en considération de toi, et que mon âme vive à cause de toi.
14 Et il arriva que, lorsque Abram entra en Égypte, les Égyptiens virent sa femme, qu’elle était très belle.
15 Et les princes du Pharaon la virent, et la louèrent devant le Pharaon ; et la femme fut emmenée dans la maison du Pharaon.
16 Et il traita bien Abram à cause d’elle ; et il eut du menu bétail et du gros bétail, et des ânes, et des serviteurs et des servantes, et des ânesses, et des chameaux.
17 Et l’Éternel frappa de grandes plaies le Pharaon et sa maison, à cause de Saraï, femme d’Abram.
18 Et le Pharaon appela Abram, et dit : Qu’est-ce que tu m’as fait ? Pourquoi ne m’as-tu pas déclaré qu’elle était ta femme ?
19 Pourquoi as-tu dit : Elle est ma soeur, de sorte que je l’ai prise pour ma femme ; et maintenant, voici ta femme : prends-la, et va-t’en.
20 Et le Pharaon donna ordre à ses gens à son sujet, et ils le renvoyèrent, lui, et sa femme, et tout ce qui était à lui.
1 Et Abram monta d’Égypte vers le midi, lui, et sa femme, et tout ce qui était à lui, et Lot avec lui.
2 Et Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or.

Et Moi, Je Suis Mon Propre Grand-Père. . .


[26] Genèse 17:22-26

[27] Autrement dit, il se cachait derrière les jupes des femmes.

[28] Eschyle par exemple, a bien failli perdre la vie pour en avoir trop ditsur des vérités interdites.

[29] Foucart 2-23; Magnien 44-46

[30] Mylonas 14-20; Kerényi 111, 145

[31] Ventris and Chadwick 289

[32] D'Alviella, Count Goblet, The Migration of Symbols, New Your: University Books, 1956

[33] Rig-Veda, Vol III.

[34] Meillet, Antoine; Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, XXII, 1992.

[35] Sylvain Levi, cité par Dumezil, Mitra-Varuna, p. 63

[36] Robert Graves, The White Goddess, 1948, New York, Noonday Press.

[37] "Sombres, primitives et mystérieuses. "

[38] (Harrison 120-31; Baring and Cashford 374-77)

[39] chevalier(à mettre en parallèle avec le mot anglais « knee » (genou : le chevalier est celui qui fléchit le genou pour recevoir l’adoubement) (NdT)

[40] le mot signifie « jument » en anglais

[41] bien qu’il s’agisse ici du mot anglais signifiant « jument », le mot « mare » en français complète très bien la série : mare, mer, mère (NdT)

[42] Hymnes de Zarathoustra.

[43] Je voudrais dire ici the l’influence du Zoroastrianismesur la création de la Bible a sans doute été profonde.

[44] Eliade, Shamanism, Archaic Techniques of Ecstasy.


En tant que propriétaires et éditeurs de ces pages, nous souhaitons souligner que le matériel présenté ici est le fruit de notre recherche et de notre expérimentation en communication supraluminique. Nous nous demandons parfois si les Cassiopéens sont ce qu¹ils prétendent être, parce que nous ne tenons rien pour vérité indiscutable. Nous prenons tout "cum granulo salis", même si nous considérons qu¹il y a de bonnes chances que ce soit la vérité. Nous analysons constamment ce matériel ainsi que beaucoup d¹autres qui attirent notre attention, issus de divers domaines de la Science et du mysticisme. Honnêtement, nous ne savons pas CE QU'EST la vérité, mais nous croyons qu¹elle est « quelque part par là» et que nous pouvons sans doute en découvrir une partie. Oui, nous pouvons dire que nos vies ont été enrichies par ces contacts, mais certains éléments nous ont aussi rendus perplexes et nous ont désorientés, et ils restent encore à être clarifiés. Nous avons certes trouvé beaucoup de «confirmations» et de « corroborations » dans d¹autres domaines, entre autres la Science et l¹Histoire, mais il y a aussi de nombreux éléments qui, par nature, sont invérifiables. C¹est pourquoi nous invitons le lecteur à partager notre recherche de la Vérité en lisant avec un esprit ouvert, mais sceptique.

Nous n¹encourageons pas « l'adepte-isme », ni aucune « Vraie Croyance ». Nous ENCOURAGEONS la recherche de la Connaissance et de la Conscience dans tous les domaines qui en valent la peine, comme le meilleur moyen de discerner le mensonge de la vérité. Voici ce que nous pouvons dire au lecteur: nous travaillons très dur, plusieurs heures par jour, et nous le faisons depuis de nombreuses années, pour découvrir la raison de notre existence sur Terre. C¹est notre vocation, notre queste, notre mission. Nous recherchons constamment à valider et/ou à affiner ce que nous envisageons comme possible, probable, ou les deux. Nous faisons cela avec l¹espoir sincère que toute l¹humanité pourra en bénéficier, si ce n¹est maintenant, alors dans un de nos futurs probables.

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