Vendredi 12 mars 2004 : Aujourd'hui nous allons parler de la femme la plus célèbre dans l'Histoire Occidentale après Eve : Hélène de Troie. Le fait est que, Eve et Hélène ont beaucoup en commun. La première mère, Eve, semble avoir acquis une mauvaise réputation à cause d'Hélène.

Hélène : le visage qui a lancé mille bateaux et a provoqué la guerre qui a tué les les plus grands héros de mythe et de légende. Hélène est sans aucun doute la femme de la plus triste notoriété dans la Culture Occidentale et pourtant, nous n'avons aucune idée de ce à quoi elle pouvait vraiment ressembler.

Pendant trois mille ans ou plus, la femme a été le "piédestal-paillasson". Les femmes ont été idolâtrées et rendues démoniaques, adorées et dégradées, soulagées du travail comme métier et déniées le plaidoyer favorable des tribunaux. Les femmes ont été les dernières à être installées comme des soldats et les premières à souffrir des guerres. On dit que les femmes apportent le bonheur à un instant et la misère et la souffrance dans le suivant. Les femmes ont été décrites comme des divinités et des bêtes, ou un certain état ambigu au milieu. "L'humanité" se réfère généralement aux hommes et les femmes sont "autres". Cette "altérité" des femmes est toujours dominante dans notre culture.

À cause d'Hélène, l'histoire des femmes est une histoire de misogynie - la haine pour la femme. Ce qui est encore pire est que cette culture à nous a aussi instillé l'auto-haine des femmes.

Nous sommes contraints de demander : comment en est-on venu là ? Qu'est-ce qui est arrivé dans notre passé distant qui a transformé la femme de la mère Vierge de Dieu en Eve, la chute de l'humanité ?

L'histoire d'Hélène semble être l'histoire du déplacement vers la misogynie. Les légendes disent que Hélène était responsable d'une "guerre pour mettre fin à toutes les guerres", un Armageddon, Gog et Magog, la bataille finale de Troie. Après la fin de la guerre, les vainqueurs écrivirent l'histoire. Hésiode a expliqué ce déplacement dans son histoire de la première femme, Pandore.

Censément Hésiode a composé sa Théogonie et Les Travaux et les Jours un jour ou l'autre autour du 8ème ou début du 7ème siècle av. J.-C, juste un peu plus tôt que le temps pendant lequel la Bible a été assemblée. On pense que les travaux de Hésiode, comme les travaux de Homère, représentaient le terminus d'une énorme tradition orale de voix anonymes d'origine et d'âge incertains.

La Théogonie est un récit des origines de ces êtres divins qui ont créé et président le cosmos; une histoire Divine, traçant une succession de régimes culminant dans le règne de Zeus Olympien. Les commentaires contiennent beaucoup d'éléments d'un tableau d'une succession de mythes qui circulaient partout dans le Proche-Orient antique. De façon intéressante, les experts disent que l'influence principale la plus probable sur le récit d'Hésiode semblerait être les versions Hittites du Hurrien Kumarbi et des mythes Ullikummi aussi bien que le Babylonien Enuma Elish. 

La Théogonie - comme la Bible - n'est pas métaphysique; elle est, purement et simplement, un outil politique. Dans la Théogonie, le régime de Zeus et le règne de la justice Olympienne est célébré comme l'accomplissement des éternités de même qu'Yahweh est célébré dans la Torah. Dans la Théogonie, Hésiode raconte sa nouvelle version des débuts de la Création, s'assurant de faire régulièrement de la propagande en faveur de Zeus qui est aussi "juste qu'il est terrible." Beaucoup de passages dans le Théogonie peuvent être comparés aux hymnes à Yahweh censément composés par David, ou à l'Enuma Elish qui chante les éloges du roi guerrier, Marduk. Dans chaque cas, il y a une fusion du pouvoir militaire avec l'autorité absolue, la gloire et la justice promise pour le banni et l'asservi. Et clairement, dans chaque cas il y a la subordination complète de la femme au mâle, présenté comme un accomplissement philosophique, une évolution du vieil ordre sauvage, au nouveau monde glorieux du thériomorphisme masculin.

Dans la Théogonie, la première femme est le "kalon kakon." Kalon signifie "beau" et kakon signifie "mal". Autrement dit, la première femme est un oxymoron vivant. Maintenant, bien sûr, ce terme pourrait signifier le "beau mal" ou la "mauvaise beauté." C'est-à-dire, est-ce que la femme est essentiellement belle et sous réserve mauvaise, ou essentiellement mauvaise quoique sous réserve belle, ou à la fois essentiellement mauvaise et belle ?

Hésiode ne nous laisse pas dans le suspense parce qu'il clarifie ce point pour nous en nous disant que c'est kakon qui définit la substance, ou l'essence ou la femme. La femme est révélée sans équivoque comme le mal.

Prométhée fut provoqué par le retrait du feu de l'humanité par Zeus pour se venger du vol précédent de Prométhée des parties sacrificielles les meilleures. Prométhée s'était montré plus intelligent que Zeus, roulant le roi des dieux. Dans le premier cas, Prométhée enveloppa la viande et les parties grasses du bœuf sacrificiel dans la peau et l'estomac non comestibles et ensuite enveloppa les os nus dans de la graisse scintillante, sachant que Zeus insisterait par erreur sur le dernier comme sa prérogative. Dans le deuxième cas, Prométhée cacha des braises ardentes dans une tige de fenouil creuse, lui permettant d'échapper à l'embargo de Zeus et rendre le feu à l'humanité.

Le thème est la "compétence" ou le "métier" qui est utilisé pour créer une "ruse" ou dolon. Les mots techne, dolie et dolon arrivent à plusieurs reprises dans le récit d'Hésiode des violations de Prométhée qui mènent jusqu'à la vengeance de Zeus en nature. Bien sûr nous remarquons immédiatement que cette histoire de la "compétence" ou du "métier" et  "création d'une ruse" est tout à fait semblable au thème du Cheval de Troie. Le thème du Cheval de Troie est représenté aussi dans la Bible dans l'histoire de Rahab la prostituée et dans une histoire importante dont nous discuterons dans le prochain chapitre. (Voir Josué, chapitre 2 pour l'histoire de Rahab).

C'est le mot dolon qui décrit la femme : une fois qu'elle est parée, voilée et couronnée, elle est appelée un dolon, un truc, un piège appâté. La femme, modelée et habillée par les dieux est une riposte adaptée pour le sac d'os resplendissant imposé à Zeus par Prométhée.

Selon Hésiode, la différence entre la beauté de la femme et son mal est la différence entre les apparences superficielles et la réalité. Couverte dee fleurs et d'or, la femme est un thauma, un "étonnement à contempler" et les hommes et les dieux de la même façon sont remplis de la crainte en la voyant. Cependant, c'est seulement les hommes qui sont sans défense contre ses charmes. La femme est un "appât" et les hommes n'ont aucune "résistance" et il a été conçu de cette manière par les dieux. Un homme est incapable de résister à la jeune mariée irrésistible qui, après qu'ils obtiennent sa maison et épuisent ses charmes superficiels, constateront qu'ils sont collés à une grande misère, une fosse sans fond dans laquelle ils verseront toutes leurs marchandises et efforts et force de vie.

Et c'est ainsi, le moment de la création de la femme est le moment de la destruction de l'homme. Autrement dit, le sacrifice aux dieux qui s'est mal passé - une insubordination brève - aboutit à la misère infinie de l'humanité avec une vengeance. Cela nous fait penser, évidemment, que les histoires de Adam et Eve et Caïn et Abel n'étaient pas à l'origine linéaires dans le temps, mais des éléments de la même conceptualisation qui a été séparée dans des événements uniques dans l'interprétation de la Bible.

Ce que l'on ne voit pas initialement est que la question est en réalité la souveraineté. Prométhée a lancé deux défis stupéfiants à l'esprit et à l'autorité de Zeus au nom de l'humanité. On pourrait dire aussi que Caïn et Eve lancèrent des défis similaires en évitant la prise de la vie comme un sacrifice au dieu. Caïn, évidemment, est dépeint comme un meurtrier à cause de sa jalousie que le sacrifice de ses frères était accepté et pas le sien. Eve fut maudite aussi.

Le fait est, les quatre fils de Japet et Clyméné - Atlas, Ménoetios, Prométhée et Epiméthée - étaient un souci pour Zeus depuis le début parce qu'ils représentaient une lignée rivale d'Ouranos et Gaia, qui, s'ils étaient alliés avec l'humanité indisciplinée, pourraient signifier l'ennui pour les dieux! Nous nous souvenons du passage de la Bible où des paroles sont mises dans la gueule du serpent disant à Eve: Car Dieu sait que le jour où tu en mangeras tes yeux s'ouvriront, et tu seras comme Dieu, connaissant la différence entre le bien et le mal et la bénédiction et la calamité.

Le plus gênant des quatre était Prométhée. Son nom signifie "prévoyance" et sa connaissance de ce qui devait arriver – c'est-à-dire la différence entre le bien et le mal, bénédiction et calamité - est ce qui l'a inspiré pour essayer d'aider l'humanité. Il était un arch-rebelle et un champion d'humanité qui était déterminé à élever le statut de l'humanité en lui donnant l'imagination créatrice, l'esprit provoquant et le feu divin - tout ce qui est nécessaire pour les faire comme des dieux.

L'histoire nous suggère un "concours" entre l'humanité et les dieux qui était de décider du sacrifice animal. L'humiliation de Zeus l'a incité à prendre la mesure extrême de refuser le feu à l'humanité, sans laquelle ils seraient bientôt guère plus que des animaux. Humilié pour la deuxième fois, Zeus a formulé la Solution Finale : la Femme.

Dans Les Travaux et les Jours d'Hésiode, quatre époques d'homme sont maintenant venues et sont parties, chacune plus mauvaise qu'auparavant. La lutte définit que chaque rapport, chaque vertu (aussi bien que tout le reste) est récompensé par la misère et Hésiode raconte avec grand désir comment les hommes ont une fois vécu sans travail rude et sans douleur. Pourquoi tant de douleur et de souffrance ?

Le récit d'Hésiode de la Chute de l'homme répond à la question avec un mot : Femme.

Hésiode enregistre pour nous des idées qui, s'étendaient apparemment comme une traînée de poudre en son temps : l'éloignement profond d'une moitié de l'humanité de l'autre. Nous aimerions savoir pourquoi ? Dans l'histoire de Hélène de Troie, il est possible que nous trouvions la réponse.

Dans la récriture des mythes antiques d'Hésiode, l'homme a d'une façon ou d'une autre surgi sans être né de la femme et contrairement aux descriptions les plus antiques, c'est la femme qui est dérivée. C'est la vue biblique aussi. Les deux histoires furent tirées des mêmes sources.

Certainement, l'apparition du premier être humain présente un défi à n'importe quelle personne pensante; l'existence de femmes avant des hommes est un mystère, mais l'existence d'hommes avant les femmes est absurde.

Hésiode présente la vue que la femme est une rupture à la nature. À cause de la femme, l'homme ne peut plus apparaître et disparaître par sa propre volonté. À cause de la femme, l'homme doit naître dans la souffrance et ensuite l'homme doit mourir dans la souffrance. Ce que Hésiode échoue à remarquer est que, si les hommes souffraient à cette époque, les femmes souffraient aussi - et probablement beaucoup plus.

Le récit d'Hésiode de la femme est un déni conscient et une propagande misogyne délibérée. Nous voyons la ligne d'argument d'Hésiode reflétée dans le récit de la création du Document J. Dans la Genèse, l'homme est créé et vit dans une existence immortelle, divine et la femme est la "deuxième" création, la "pensée après coup". Elle apporte bientôt la mort et la destruction sur l'humanité en "mangeant le fruit de l'arbre du bien et du mal."

Dans ces récits, nous percevons un fil commun de la femme comme une "intruse" dans l'arrangement original de choses, apportant le sexe, la lutte, la misère et la mort. Hésiode travaille avec les images antiques de la mère donnant tout, les tordant et les défigurant jusqu'à ce qu'elles reflètent seulement la honte et la dégradation de la créatrice de vie. La femme, créée de l'argile selon Hésiode, n'est pas seulement non semi-divine comme est l'homme, elle est quelque chose de moins que l'homme. "Les fils de Dieu regardèrent les filles des hommes et virent qu'elles étaient belles et les prirent pour femmes…" Ceci fut suivi par le mal et la corruption et le Déluge.

Zeus, avec le conseil opportun d'Ouranos et de Gaia, s'approprie les pouvoirs de sa propre femme. Il épouse et avale Métis et est ainsi capable de donner naissance à sa fille, Athéna. En avalant Métis, il change complètement la succession et la primauté de la fécondité féminine et devient ainsi la souveraineté lui-même. L'insistance d'Hésiode que Zeus fait ainsi avec le consentement tant d'Ouranos que de Gaia ressemble à la charade rituelle dans laquelle le consentement est obtenu d'animaux sacrificiels juste avant leurs morts. Cette revendication sur l'accord des dieux plus vieux est conçue pour donner à ces retours des plus radicaux une certaine "légitimité" et "continuité" avec le passé. Avec la naissance parthénogénétique d'Athéna de la tête de Zeus, l'histoire a un nouveau début dans laquelle la femme ne jouera aucun rôle.

Le thème entier de Théogonie est - comme Hésiode l'aurait - une montée triomphale de l'utérus féminin de Gaia à l'utérus masculin de Zeus, de la nature sauvage, à la civilisation de l'Olympe.

C'étaient les idées faisant leur chemin autour de la Méditerranée Orientale pendant le temps où la Bible était écrite. Yahweh, comme Marduk et Zeus balaie le champ des rivaux, rendant son pouvoir incontestable. Nous voudrions savoir comment cet état d'affaires en est venu à être. Comme j'écrivais dans le chapitre précédent:

De nouveau nous nous rappelons que les vainqueurs écrivent l'histoire et que nous avons une histoire très étrange à dire ... la Conspiration d'Hélène et de l'Exode : le visage qui a lancé mille Guerres.

Suite...